article dans Lyonmag - 25-03-2013
Estelle d’Ambrosio, directrice du centre de la famille et de la médiation de Lyon, était l’invitée ce lundi de Jazz Radio pour l'émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.
Récemment, le combat de certains pères a été très médiatisé, notamment lorsque l’un d’entre eux est monté au sommet d’une grue à Nantes. Ils mettaient en avant leur sentiment de mise à l’écart au moment du choix de résidence de l’enfant après la séparation. Estelle d’Ambrosio vous êtes régulièrement en lien avec les juges aux affaires familiales (JAF), les mères sont-elles systématiquement avantagées ? "Il y a eu beaucoup d’évolution en droit de la famille et dans la manière dont les décisions de justice sont rendues. A une époque, les mères avaient en priorité la résidence des enfants et les pères avaient un week-end sur deux. Aujourd’hui on voit une évolution évidente de la place que prennent les parents auprès de leurs enfants et les JAF la suivent. Les choses n’ont peut-être pas été aussi rapides que certains pères voudraient qu’elles le soient".
Les associations de père disent que comme la majorité des juges sont des femmes, c’est la raison pour laquelle les décisions penchent souvent en faveur des femmes. "Ce n’est pas du tout une réalité. A Lyon, bien au contraire, beaucoup de mères sont surprises de la manière dont on a pu mettre en avant le rôle du père et dans les jugements il est bien souligné que les pères ont toute leur place auprès de leurs enfants".
Sur quels éléments un juge aux affaires familiales va trancher pour un parent plutôt qu’un autre ?"Sur les éléments qu’amènent les parents, c’est-à-dire en fonction de la disponibilité des parents, le lieu d’habitation et la continuité par rapport au rythme qu’avait l’enfant avant la séparation".
Au centre de la famille et de la médiation de Lyon, vous êtes un des outils pour permettre que ça se passe bien. Comment fait-on appel à vous ? "Les parent peuvent venir par eux-mêmes en nous appelant et en prenant un rendez-vous, au moment de la séparation, même avant de passer devant le juge pour un divorce. Ils peuvent le faire à tout moment, avant, pendant ou après une procédure. Ce sont les médiations conventionnelles. Les parents viennent aussi beaucoup parce que leurs avocats les invitent à venir, alors qu’ils sont en train de préparer une audience par exemple. Ils peuvent venir enfin lorsque les juges les envoient ou leur proposent lors de l’audience une médiation familiale. Si les parents l’acceptent, le juge peut demander dans son jugement à ce que les parents aillent en médiation."
Faut-il que les parents soient volontaires ? "Oui dans tous les cas, il faut qu’ils soient volontaires".
De qui dépendez-vous, au centre de la famille et de la médiation ? "Nous sommes une association loi 1901. A Lyon, toutes les associations sont indépendantes car nous ne sommes pas les seuls à faire de la médiation familiale, il y a des libéraux qui en font aussi. Les associations telles que la notre sont conventionnées, notamment par la Caisse d’allocations familiales et des villes de la région comme Lyon et Villeurbanne qui participe au financement de la médiation familiale. Tous les partenaires ont permis de mettre en place un barème pour que les parents payent en fonction de leurs revenus."
Comment fonctionne la médiation, quel est le travail de l’association ? Car les couples qui viennent sont en train de se séparer et ont donc des relations difficiles. "Dans un premier temps notre travail est d’écouter les parents. On reçoit les parents ensemble pour les informer sur ce qu’est la médiation familiale et comment cela fonctionne. Une fois que cet entretien d’informations gratuit est passé, on reçoit les parents individuellement. Et c’est lors de cet entretien individuel que l’on a accès à ce que vivent les parents, quelle est leur vision propre de la situation. Notre travail va être de leur permettre d’avoir des récits qui se rapprochent l’un de l’autre. Car au début les parents se voient comme étant quasiment des ennemis, notre travail va être de les ramener vers un intérêt commun qui est celui de l’enfant."
Quels sont vos résultats ? "Dans beaucoup de situations on ne voit qu’un parent. Soit parce qu’en partant ils vont essayer de résoudre les choses par eux-mêmes, soit parce que l’autre parent n’est pas intéressé. On a beaucoup d’entretiens comme ça, donc la médiation ne se met pas en place. Mais quand la médiation se met en place, une fois que les deux parents sont venus et ont vraiment adhérer à la médiation, on a vraiment de très bons résultats, entre 70 et 80% de résultats positifs".
La crise économique pèse-t-elle sur les couples et provoque-t-elle plus de séparations ?"Je ne trouve pas, mais c’est mon avis personnel. On a des personnes qui payent deux euros, d’autres qui payent 131 euros. Donc la population est très variée. Les problèmes de couple touchent tout le monde. Personne n’est à l’abri".