Nouveau : La médiation dans les contextes de vulnérabilité
Il est parfois difficile de se parler de façon apaisée et de s’accorder, dans une situation où l’on a pourtant besoin les uns des autres pour accompagner le parent plus dépendant et prendre avec lui des décisions qui lui conviennent et respectent les besoins de ceux qui l’entourent.
Dans ce contexte de difficulté ou de conflits, le C.F.M. vous propose aujourd’hui :
Des médiations familiales
A l’attention des familles et de leur parent âgé, malade ou en situation de handicap,
Afin qu’ils puissent prendre ensemble des décisions relatives à son lieu de résidence, aux modalités de son accompagnement, à une mesure de protection, au sort d’un bien, aux participations financières …
Des médiations « en équipe de soin »
A l’attention des familles, du parent vulnérable et des professionnels de l’accompagnement et du soin.
Afin qu’ils puissent trouver ensemble des modalités de collaboration, ajuster leurs places, et assurer l’écoute de la personne vulnérable dans toutes les décisions qui la concernent (soins, accueil, hébergement …).
Le centre de la Famille et de la Médiation (CFM), association basée à Lyon, ne recevait jusqu'en 2017 que des cas de divorces et de séparations. Désormais il prend en charge la médiation autour du parent âgé.
Depuis le début de l'année 2018, le CFM a mis e, place la médiation autour des personnes âgées - "dans les contextes de vulnérabilité" - sous la houlette de Françoise Duchâteau, médiatrice familiale diplômée d'Etat, et de Véronique Jacquemain, également médiatrice et directrice du centre. Ce type de médiation est aujourd'hui reconnu par la CNAF (Caisse Nationale des Allocations Familiales).
"Le CFM est issu depuis 2002 de l'IFACT (Institut de formations et d'application des thérapies de la communication), explique Véronique Jacquemain: la médiation, telle que nous la pratiquons, existe depuis les années 90. Elle a été initiée par une psychologue, Liliana Perrone, au sein d'un courant de médiation familiale nommé le "modèle groupal narratif".
"Des similitudes entre les contextes du divorce-séparation et celui du vieillissement de l'un ou des deux parents"
Au fil de plusieurs années d'expérience de médiation familiale, des besoins et des demandes se sont présentés: "Au cours de notre pratique de la médiation, nous avons repéré des similitudes entre les contextes du divorce-séparation et celui du vieillissement de l'un ou des deux parents" explique Françoise Duchâteau: "Il y a des décisions à prendre qui engagent la famille: l'entrée en maison de retraite, en Ehpad, une mesure de tutelle ou de curatelle, ou simplement l'organisation d'une aide des enfants auprès d'un parent pour son maintien à domicile".
"Le vieillissement d'un parent, le moment où il devient dépendant, génère des bouleversements importants", poursuit Françoise Duchâteau : "C'est la remise en question d'un équilibre de la famille, tant sur le plan des relations intrafamiliales, que sur celui des finances, des conditions juridique. La porte d'entrée d'une médiation, c'est dans le moment où l'on a des décisions à prendre, mais où il y a conflit..."
Les modes de fonctionnement intrafamiliaux sont parfois défaillants depuis de longues périodes, le travail de médiation consistera à retisser des liens, au moins un dialogue: "Des jalousies, des rancœurs aboutissent à ce que des fratries n'ont plus de contacts pendant 10 ou 20ans [...] Les personnes en médiation ont 50 à 60ans lorsqu'ils sont appelés à se revoir..."
Retrouver la place de chacun
En France, le seul devoir vis à vis des parents est l'obligation alimentaire: "Les frères et soeurs n'ont pas plus de droits les uns que les autres, souligne Véronique Jacquemain: certains le pensent parce qu'ils s'occupent davantage de leurs parents [...] Lors de la médiation, la place de chacun doit être retravaillée...".
Tout le monde doit avoir la parole: "A commencer par le parent concerné, ajoute Françoise Duchâteau: surtout quand il a encore ses capacités, et qu'il n'est pas sous protection juridique... un des objectifs de la médiation, c'est de donner la parole à la personne âgée que l'on a tendance à écarter sous prétexte de la protéger [...] Ce n'est jamais la personne âgée qui demande la médiation, le plus souvent, c'est une personne de la famille qui cherche sur Internet, et en vient à nous contacter [...] L'idée n'est pas de se lancer dans une thérapie familiale, mais juste de se mettre d'accord sur quelques points...
Un premier type de demandes consiste à recréer du lien entre des frères et soeurs et/ou avec une mère ou un père; d'autres demandes arrivent dans un contexte de méfiance où un membre de la fratrie est soupçonné de profiter du parent, de ses largesses financières ou de ses biens...Il y a toujours un aspect relationnel affectif et un aspect décisionnel".
A la fin de la médiation, les membres signent un accord, " qui a valeur contractuelle, mais pas valeur de jugement, conclut Véronique Jacquemain: les personnes qui se présentent devant nous ont toujours une volonté de s'accorder, même si cela n'apparaît pas au début, sinon elles iraient directement voir le juge [...] On demande aux gens d'être en vérité dans une médiation, sinon cela ne fonctionne pas".
Article par E.S
pour la Revue L'Essor - édition 2018 supplément du 16/11/2018 n°3757 Génération Seniors